La question du blog : Pourquoi associe-t-on le « respect for people » au pilier du jidoka ?

La réponse de Olivier
Lorsque je lus cette question, ma première pensée fut “on dirait une question posée au bac ou au concours général de philosophie”, puis je me dis “mais pourquoi y aurait-il équivalence logique entre ces deux concepts ?”
Après tout (en tous cas pour moi) il semble assez clair que ce qui est prôné par le jidoka ou l’autonomation ou le principe “Aucun Défaut” (choisissez) entraîne naturellement comme corollaire le respect pour les personnes puisque sa mise en œuvre bien comprise ne peut se satisfaire de la mise en place des seuls outils tant popularisés autour du Jidoka.
En effet, décréter la mise en place d’une cordelette à tirer pour stopper le processus (avec la petite musique qui va bien, évidemment !) ou bien l’injonction de placer un post it (rouge de préférence !) au bon endroit de l’aire de management visuel dans l’obeya d’un bureau d’études en cas de pépin NE SUFFIT PAS !
S’arrêter là et trop souvent constater que le team leader va se cantonner à émettre une injonction péremptoire du type “arrête avec ça, nous devons fournir” ou “bon écoute, tu vas bien nous trouver une solution, hein ?” veut dire que le Jidoka n’a pas été compris et qu’on en est restés à la partie émergée de l’iceberg.
Les implications du concept sont profondes : le management intervient pour aider à débloquer la situation, mieux encore, il va s’ingénier à instiller de l’autonomie dans la résolution des problèmes par les membres de son équipe et leur donner les moyens de s’y attaquer eux-mêmes !
Si ça n’est pas témoigner du respect pour les personnes, alors je me demande bien ce que c’est !
OK, donc en notation de logique formelle, Jidoka -> respect, c’est clair.
Mais, un instant… Le but du Jidoka est aussi d’éviter ceci n’est-ce pas ?

J’ai tiré cette image de mon livre « Au cœur de l’ingénierie Toyota » au passage qui illustre l’application de l’Andon dans les bureaux d’études.
Le respect pour les personnes ne s’arrête certainement pas à celui que nous devons témoigner au sein de notre équipe ! Et les clients (tous les clients, n’est-ce pas, y compris ceux qui sont en aval du flux de valeur sur lequel nous sommes placés) ?
“Oh, écoute, on est à la bourre, là ! Ils se débrouilleront bien avec ça plus tard, et puis, il y a le contrôle qualité qui le verra bien, n’est-ce pas ?”
“Bon la validation de ce paragraphe de la spec coûte trop cher, nous prend trop de temps, ne peut pas être faite par le fournisseur,… et puis ça ne sert à rien ce truc, c’est encore une lubie de chef, on va faire l’impasse et ne pas la faire” (et personne ne se pose la question de savoir pourquoi la spec standard demande cette validation particulière…).
Cette attitude si répandue et déguisée sous des prétextes évidemment plus subtils que ceux décrits ci-dessus témoigne d’un mépris complet pour les personnes et les équipes qui vont récupérer le mistigri ou pire encore le passer sans vergogne au client final !
Ce principe du Jidoka n’est pas que d’efficacité et d’évitement de dépenses liées aux coûts de reprise de l’erreur c’est aussi une attitude de décence (j’ose le mot) vis à vis des personnes avec qui nous travaillons en interface. L’égoïsme de la dissimulation des problèmes sous le tapis revient tôt ou tard en boomerang car il infecte l’organisation et gangrène les rapports humains.
A l’évidence respect -> Jidoka !
Et pour continuer à filer la métaphore logique :
Jidoka <-> respect pour les personnes !
CQFD. Qu’en pensez-vous ?