La Kaizen culture

woman walking on hot air balloon

La question du blog : Qu’est-ce qui donne envie aux gens de faire du kaizen ?

Un peu de contexte : Un patron, très engagé dans le lean, voudrait « embarquer » ses collaborateurs dans l’aventure, mais il fait face au pushback des équipes (ex. “pas le temps, ça marchera pas ici, on fera ça quand on aura le temps”…). Jean-Claude nous explique comment développer la Kaizen culture.

La réponse de Jean Claude

Comment amener les salariés à entreprendre un kaizen et à les motiver sans générer le “push back ” habituel sur ces sujets ?

Il semble assez étonnant de devoir se poser la question de la motivation des salariés pour aller améliorer un produit ou un process. Comment peut-on imaginer de la réticence à entreprendre un chantier pour aller vers quelque chose de meilleur ?

Etonnamment, cela a toujours été difficile de mobiliser les personnels (y compris les patrons) à l’amélioration. Trois raisons à cela :

  1. On préfère toujours les gros projets avec de l’investissement (voir à ce sujet notre dernière conversation avec Godefroy Beauvallet)
  2. On adore les hypersolutions surtout si on les fait faire par quelqu’un d’autre.
  3. Le contexte actuel violent ne favorise pas les choses. Il n’y a qu’à ouvrir un média pour se rendre compte que faire accepter une évolution est complexe même si elle était imaginée par rapport à de vrais enjeux (vaccins, bassines, retraites etc…)

Godefroy Beauvallet et Jacques Chaize ont donné des réponses très pertinentes et documentées et voici la mienne, comme souvent un peu plus brute de décoffrage.

En ce qui concerne l’entreprise, le signal doit venir d’en haut. Par l’énergie, l’enthousiasme, l’exemple et la présence sur le terrain du chef d’entreprise.

Je ne crois pas que le kaizen se décrète. Je ne crois pas qu’il soit un objectif avec un nombre de réalisations à faire par an, je ne crois pas que le kaizen coche des cases. Je crois qu’il doit être un état d’esprit, comme la qualité. Et les deux sont liés. Il doit s’instiller partout et c’est la culture d’entreprise qui va le mettre en place pour toujours ou bien jamais.

Il n’y a pas des chantiers kaizen à mettre en route, il y a une culture à développer ; la Kaizen culture.

Il est vain de convaincre, il faut faire. Gentiment et par les résultats les mentalités changent. Sans tambour ni trompette.

Cela est vrai partout, c’est Isao Yoshino qui m’a expliqué cela. Il a participé à la reprise de Nummi par Toyota dans les années 80 et il sait vraiment de quoi il parle.

Et cela met 20 ans.

D’où la notion d’énergie et d’enthousiasme. Et ça marche. Pour certains c’est bien trop long car peu de gens pensent encore à 20 ans. Mais c’est la durée minimale pour construire un homme et pour changer significativement un comportement et une culture.

Imposer le kaizen n’a pas de sens. Il faut de la patience et de la persistance dans le but. Effectivement c’est à l’opposé de l’époque actuelle et de la promesse des réseaux sociaux.

Mais pour le pratiquer depuis toujours, je peux affirmer que ça marche.

Et si je suis honnête ça marche bien avant les 20 ans, mais il faut les avoir en tête en permanence.

Jean Claude Bihr

Jean-Claude Bihr

Membre de l’Institut Lean France et PDG de l’entreprise industrielle Alliance MIM. Auteur du livre «Le Lean aujourd'hui».

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