La question du blog
Qu’on le veuille ou non, les crises ont le pouvoir de faire bouger les choses. Ces derniers temps, nous assistons à une succession de phénomènes plus ou moins catastrophiques (pandémies, guerres, inquiétudes environnementales…) qui nous montrent très clairement là où le bât blesse mettant à mal la plupart des supply chains et questionnant la survie du système établi !
Nous devons certainement tirer des apprentissages de cela et rebattre les cartes. Pourquoi le Dantotsu de Nomura-San serait-il la voie à suivre ? En quoi pourrait-il nous aider dans la conjoncture actuelle ?
La réponse de Régis Medina
Un article récent de la presse économique résume bien la situation actuelle : “Start-ups : la fête est finie”. Qu’il s’agisse des ruptures d’approvisionnement en tout genre qui pèsent sur le e-commerce ou des levées de fond bien moins accessibles qu’il y a quelques mois, les startups doivent aujourd’hui se montrer beaucoup plus frugales dans l’utilisation de leurs ressources. Certaines laissent partir des salariés, d’autres gèlent les recrutements, toutes se posent la question de la stratégie à adopter face à la crise.
Le playbook classique de la scale-up, c’est celui du passage en force ou du blitzscaling : on investit lourdement dans le marketing pour “acquérir des clients”, on recrute à tour de bras, et on investit lourdement dans la technologie en partant de l’idée que la technologie est le meilleur moyen d’améliorer la productivité. C’est une approche qui marche dans les périodes fastes, tant que l’on peut montrer que le succès alimente le succès, mais elle peut être fatale lorsque les dirigeants s’entêtent à vouloir passer en force alors que les conditions de marché ont changé.
Dans un tel contexte, l’approche Dantotsu est radicale — et salvatrice — pour trois raisons.
D’abord, c’est une manière de soutenir ses clients. Plutôt que de partir dans les grands plans stratégiques qui secouent toute l’entreprise, l’analyse des retours client permet de garder un contact rapproché avec eux pour mieux comprendre ce qui leur arrive. Mais il faut pour cela accepter que les clients ne sont pas des denrées que l’on achète, ce sont des amis que l’on soutient !
Ensuite, c’est une façon intelligente de faire de la bonne productivité. Il faut pour cela accepter que le principal levier de productivité, c’est quand chacun dans l’entreprise réussit chaque geste du premier coup, sans effort superflu, par l’effet de sa maîtrise du sujet et pas seulement par le remplissage des formulaires qui nourrissent les systèmes informatiques. C’est souvent difficile parce que les gestes en question sont plus complexes qu’il y paraît – comprendre un besoin client, concevoir une offre personnalisée, etc. Avec Dantotsu, la pratique régulière de l’analyse des défauts crée autant d’opportunités pour chacun de mieux comprendre son propre métier et les moyens dont il a besoin pour réussir. L’entreprise devient une sorte de gymnase dans laquelle chacun s’entraîne à parfaire ses gestes encore et encore, dans une multitude de situations.
Enfin, l’analyse régulière des défauts permet de garder tout le monde focalisé sur les produits et les clients, plutôt que de céder à la panique et se disperser avec des plans d’actions dans tous les sens. C’est essentiel pour mieux se préparer au redémarrage de l’activité.
Au final, les crises révèlent de nombreuses choses, et en particulier la culture. Sommes-nous un groupe qui licencie ses salariés et pénalise ses clients à la moindre difficulté ? La pratique régulière de Dantotsu a un effet radical sur la culture — une culture de l’écoute client, de la qualité des produits, et de l’apprentissage permanent. Et au final, une culture de l’entraide et de la résilience.